Magic 5e Édition : core set qui change tout, sauf les bordures blanches

Magic 5e Edition

Si l’histoire de Magic The Gathering est une succession de révolutions, l’arrivée de la 5e édition (Fifth Edition) en mars 1997 fut un véritable coup de balai. Un grand nettoyage de printemps qui a laissé plus d’un joueur pantois. Après des années d’expérimentation sauvage et de cartes aux puissances inégales, Wizards of the Coast a décidé de mettre de l’ordre dans sa maison mère, le Core Set. Ce n’était pas seulement une réimpression ; c’était une refonte philosophique, un signal clair de plus que le jeu entrait dans une ère de professionnalisme et de standardisation.

Le set est, encore aujourd’hui, le plus volumineux jamais imprimé pour une édition de base, avec 449 cartes (dont 429 non-terrains de base). Cette masse de cartes n’était pas là pour faire joli. Elle était le résultat d’une rotation massive, où plus de la moitié des cartes de la 4e édition ont été virées, remplacées par des cartes issues d’extensions plus anciennes comme Ice Age, Arabian Nights, Antiquities, The Dark, Legends, Fallen Empires et Terres Natales. Le message était limpide : le jeu devait être équilibré, et certaines cartes, aussi cultes soient-elles, devaient dégager.

Le grand nettoyage de printemps qui a redéfini le standard

Pour les joueurs de l’époque, la liste des cartes retirées fut un choc. C’était la fin d’une certaine innocence, le moment où l’on a compris que rien n’était sacré. Des cartes qui avaient défini le jeu depuis ses débuts ont été impitoyablement écartées pour des raisons d’équilibre et de santé du format Standard.

booster core set 5e édition

Parmi les victimes les plus notables, on trouve des piliers absolus. Strip Mine, le terrain qui permettait de détruire n’importe quel autre terrain, a été banni. Les cartes de Power Nine avaient déjà disparu, mais cette fois, c’était le tour de cartes qui, bien que moins chères, étaient tout aussi toxiques pour la diversité du jeu.

Mais le plus grand scandale, celui qui a fait couler le plus d’encre (et de larmes), fut le retrait de deux des sorts les plus efficaces jamais imprimés : Swords to Plowshares (Épées au soc de Charrue) et Lightning Bolt (Éclair).

  • Swords to Plowshares : l’anti-créature blanc par excellence, pour un seul mana, il exilait n’importe quelle créature. Son seul défaut, donner des points de vie à l’adversaire, était un prix dérisoire pour une telle efficacité. Sa disparition a forcé le blanc à se tourner vers des solutions moins efficaces ou plus coûteuses.
  • Lightning Bolt : trois blessures pour un mana rouge. Le standard de la brûlure. Son retrait a ralenti le jeu de manière significative et a obligé les decks rouges à se rabattre sur des cartes comme Incinerate (qui infligeait trois blessures pour deux manas, mais avec un effet de régénération en moins).

Ce fut un moment de deuil pour beaucoup. Ces cartes étaient des repères, des symboles de l’efficacité brute. Leur absence a marqué la fin d’une époque où les sorts étaient sous-évalués par rapport à leur coût.

Les retours inattendus : le set qui a réintroduit le chaos

Pourtant, le set n’était pas un simple exercice de prudence. En même temps que la purge, Wizards of the Coast a réintroduit des cartes d’extensions passées qui ont provoqué un tollé. Le plus grand retour, celui qui a fait hurler les joueurs, fut l’arrivée de Necropotence.

Cette carte noire, issue de Ice Age, permettait d’échanger des points de vie contre des cartes, transformant le mana noir en une ressource de pioche illimitée. Son impact sur le format Standard fut cataclysmique. Le deck Necro-Summer (ou Necro-Donk) est devenu l’archétype dominant, capable de vider sa bibliothèque en quelques tours et de gagner grâce à un card advantage insensé. L’ironie était totale : l’édition censée équilibrer le jeu a réintroduit l’une des cartes les plus broken de l’histoire.

D’autres cartes puissantes ont fait leur retour, comme Dark Ritual (Rituel Sombre), qui permettait de générer du mana noir rapidement, et Serra Angel (Ange de Serra), qui, malgré les rumeurs persistantes de son retrait, est restée un pilier du blanc. L’édition a ainsi créé un paradoxe : elle a éliminé les menaces anciennes, mais en a introduit de nouvelles, tout aussi, sinon plus, dévastatrices.

La révolution esthétique : le prix de l’art

Au-delà des changements de cartes, l’édition a marqué une révolution esthétique. C’était la première édition de base à présenter de nouvelles illustrations pour une grande partie de ses cartes. Plus de 200 cartes ont reçu un lifting complet.

La raison de ce changement était pragmatique et financière. À l’époque, Wizards of the Coast payait des redevances aux artistes pour chaque carte imprimée. En commandant de nouvelles illustrations, l’entreprise pouvait payer un forfait unique et éviter de payer des royalties sur les millions d’exemplaires imprimés. Pour les collectionneurs, cela signifiait de nouvelles versions de cartes classiques, souvent avec un style plus moderne et moins « brut » que les originaux.

Cependant, le set a conservé les bordures blanches qui étaient devenues la marque de fabrique des réimpressions. C’était un choix délibéré pour rassurer les collectionneurs qui craignaient que les nouvelles illustrations ne soient considérées comme de nouvelles cartes, ce qui aurait pu dévaluer les éditions limitées originales.

cartes Magic 5e édition

L’édition a également introduit les règles de la Cinquième Édition, qui clarifiaient de nombreux points obscurs, notamment sur les créatures et les enchantements. C’était la dernière version du Core Set à utiliser les « anciennes règles » avant la refonte majeure de la 6e édition / Sixth Edition (appelée Classic), qui allait standardiser la terminologie et la structure des règles.

Un core set de transition

En fin de compte, la Cinquième Édition est un set de transition. C’est le set qui a fait le grand écart entre l’ère chaotique des débuts et l’ère structurée des blocs. Il a tenté d’équilibrer le jeu en retirant des cartes trop puissantes, mais a ironiquement réintroduit le chaos avec Necropotence. Ce set a modernisé l’esthétique du jeu avec de nouvelles illustrations, mais il a conservé les bordures blanches qui étaient de plus en plus critiquées.

Pour le collectionneur, ce set est un témoignage de l’évolution du jeu. Il est le marqueur d’un moment où Wizards of the Coast a pris conscience de la nécessité de contrôler son produit pour assurer sa pérennité. C’est un set qui, malgré ses défauts et ses controverses, a jeté les bases du jeu que nous aimons aujourd’hui. Il a prouvé que même les décisions les plus douloureuses (comme le retrait de l’Éclair) étaient nécessaires pour que Magic puisse continuer à prospérer. C’est un set qui, pour le meilleur et pour le pire, a défini le Standard de la fin des années 90.

  • Sortie officielle : 24 mars 1997
  • Cartes : 449 dont 429 rééditions (165 communes, 132 non communes, 132 rares, 20 terrains)
  • Code d’extension : 5ED
  • Répartition : Blanc (69) – Bleu (69) – Noir (69) – Rouge (69) – Vert (69) – Artefacts (64)

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par Arkan

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